Définition de FLATTEUR, EUSE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : fla-teur, teû-z'

DÉFINITIONS

1
Caressant par quelque attouchement. Le chien est un animal flatteur.
Patte flatteuse et point de dents
de LAMOTTE dans Fabl. V, 4
Avoir des manières flatteuses, avoir des manières douces, insinuantes.
2
Agréable, séduisant.
Et mon amour flatteur déjà me persuade Que je le vois assis au trône de Grenade
de Pierre CORNEILLE dans Cid, II, 5
On ne peut néanmoins se défaire d'une idée flatteuse dont on s'est laissé agréablement prévenir
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Var. V, § 30
De votre changement la flatteuse apparence M'avait rend tantôt quelque faible espérance
de Jean RACINE dans Bérén. V, 7
Par tes conseils flatteurs tu m'as su ranimer
de Jean RACINE dans Phèdre, III, 1
Quel espoir si flatteur, ou quels heureux destins De vos jours ténébreux ont fait des jours sereins ?
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Zaïre, I, 1
D'autres [oiseaux] ont des tours de gosier aussi flatteurs ; mais il n'en est pas un seul que le rossignol n'efface par la réunion complète de ces talents divers, et par la prodigieuse variété de son ramage
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Ois. t. VIII, p. 119, dans POUGENS
Virgile n'a-t-il pas, d'un vers doux et flatteur, De Gallus expirant consolé le malheur ?
de André CHÉNIER dans Ép. I
3
Il se dit de ce qui est un témoignage d'approbation, de louange, de faveur. Un murmure flatteur s'éleva dans l'assemblée. Il reçut du prince une distinction flatteuse.
C'est ce qui pouvait m'arriver de plus flatteur après l'honneur de votre présence
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Prusse, 9
4
Qui loue avec exagération.
Un poëme insipide et sottement flatteur Déshonore à la fois le héros et l'auteur
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. IX
Je ne retrouvais point ce trouble, cette ardeur Que m'avait tant promis un discours trop flatteur
de Jean RACINE dans Bajaz. I, 3
Il y avait dans l'armée un Dolope nommé Eurymaque, flatteur, insinuant, sachant s'accommoder à tous les goûts et à toutes les inclinations des princes
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. XVI
Ils [les princes] deviennent si délicats que tout ce qui n'est point flatteur les blesse et les irrite
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans ib. XI
Miroir flatteur, miroir où l'on se voit plus beau qu'on n'est.
5
Nature : nm et f Celui, celle qui cherche à séduire par des louanges.
Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l'écoute
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. I, 2
Qu'aux flatteurs on doit partout se prendre Des vices où l'on voit les humains se répandre
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. II, 5
Tout flatteur, quel qu'il soit, est toujours un animal traître et odieux
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Var. 5e avert. § 31
M. Jurieu nous parle ici des flatteurs des princes, et il ne songe pas aux flatteurs des peuples
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib.
Mais sachez de l'ami discerner le flatteur
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. I
Le flatteur ne dit rien et ne fait rien au hasard ; mais il rapporte toutes ses paroles et toutes ses actions au dessein qu'il a de plaire à quelqu'un et d'acquérir ses bonnes grâces
de Jean de LA BRUYÈRE dans Théoph. II
Détestables flatteurs, présent le plus funeste Que puisse faire aux rois la colère céleste
de Jean RACINE dans Phèdre, IV, 6
Othon, Sénécion, jeunes voluptueux, Et de tous vos plaisirs flatteurs respectueux
de Jean RACINE dans Brit. IV, 2
De l'absolu pouvoir vous ignorez l'ivresse, Et des lâches flatteurs la voix enchanteresse
de Jean RACINE dans Athal. IV, 3
Le flatteur veut s'avancer et faire fortune ; le prince veut être loué et admiré parce qu'il est son premier flatteur, et qu'il porte dans son coeur un poison plus subtil et mieux préparé que celui qu'on lui présente
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuvres, t. II, p. 121, dans POUGENS
Vous êtes un flatteur, une flatteuse, se dit pour repousser doucement des louanges qui ne déplaisent pas, mais que la modestie ne permet pas d'accepter.
On dit dans le même sens : Taisez-vous, flatteur, flatteuse.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Li flateres de pute estrace Fait cui il vuet vuidier la place ; S'il vuet, li mieudres est li pires
de RUTEBEUF dans 22
2
XIVe s.
Flateur soies premierement ; Car c'est le droit commencement Par quoi on puet à bien venir
de BRUYANT dans dans Ménagier. t. II, p. 25
Se il le fait pour cause de aucun prouffit aquerir, c'est un lobeur, c'est un flateur
de Nicolas ORESME dans Eth. 50
3
XVe s.
Mais ly menteur et ly flateour N'y [à la cour] osent plus faire demour : Je ne dis pas quanque je pense
de Eustache DESCHAMPS dans Double entendement.
4
XVIe s.
Par ses blanderesses et flateuses persuasions, il attirera la royne mere
de Vincent CARLOIX dans VIII, 16
Rechercher la bonne grace du menu populaire par caresses et paroles flatteresses
de Jacques AMYOT dans Alc. et Cor. comp.
Pinceau de painctre ou langue de chien est un flatteur pour avoir bien
de GÉNIN dans Récréat. t. II, p. 247

ÉTYMOLOGIE

1
Flatter ; provenç. flataire. L'ancien français flatere et le provençal flataire sont le nominatif ; flateor, flatador est le régime.

Termes proches de FLATTEUR, EUSE